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Blé et vignes

Une ferme dans la plaine de Sainte Colombe, Sainte Eulalie

Une ferme dans la plaine de Sainte Colombe, Sainte Eulalie

La culture du blé a été de tout temps un des points forts de l’agriculture lauragaise. On a souvent parlé de ” grenier à blé ” en évoquant le Lauragais.
Les défrichements de la plaine de l’Hers ont permis à la fin du Moyen-Age d’augmenter la superficie consacrée aux céréales. Les Labours du Roi en sont un témoignage.
Dès les temps anciens, Baziège s’est dotée d’une halle pour organiser le commerce du blé. Des mesures en pierre, sous cette halle, permettaient de contrôler les volumes de grains vendus.

Le moulin de Monteserre du meunier Vidal. Il y eut à Baziège deux autres meuniers : un au moulin, route de Labastide et un autre au moulin du chemin des Romains

Le moulin de Monteserre du meunier Vidal. Il y eut à Baziège deux autres meuniers : un au moulin, route de Labastide et un autre au moulin du chemin des Romains

Depuis la fin du XVII° siècle, l’introduction de la culture du maïs comme culture formant la base de l’alimentation des métayers, avait permis au blé d’être la culture noble, celle qui assurait les revenus des propriétaires. En échange d’autres menus avantages, les métayers ne gardaient environ qu’un huitième de la récolte de blé.
Vers 1820, la machine à blé lauragaise va se gripper : les cours du blé s’effondrent : l’hectolitre de blé passe de 34,50F en 1819 à 13 F.
En 1824, les blés du Toulousain qui autrefois s’exportaient bien par le Canal du Midi et se vendaient bien, assurant de beaux revenus aux propriétaires de domaines, se vendaient de plus en plus mal.

Cette crise économique est due en partie à une mauvaise gestion des terres à blé (mauvaise fertilité des sols et main d’oeuvre plétorique), mais aussi sous le Second Empire à une importation massive de blés étrangers, russes. Le pain étant la nourriture de base de l’ouvrier, les industriels achetaient du blé à bas prix, sans droits de douane, à l’étranger, ce qui évitait les émeutes et l’augmentation des salaires de leurs ouvriers, leur permetaient de rester compétitifs dans leurs productions et d’augmenter leurs profits.
De ce fait la bourgeoisie va préférer investir dans les titres boursiers et la spéculation et va délaisser la propriété foncière.
Une autre conséquence : l’exode rural. De nombreux ouvriers agricoles, les brassiers, sans travail vont vers les villes où l’industrie naissante leur procure du travail.
La terre se redistribue : les bourgeois toulousains vendent la leur et les cultivateurs en font l’aquisition à bon prix.
A Baziège, on sent bien cette crise lors de la construction de la halle aux étalagistes. Dans son projet, le Conseil Municipal escomptait un rapport des fermages des deux halles de l’ordre de 3500 F. Or, en février 1866, il doit déchanter : le revenu des halles n’est que de 1870 F.
D’autre part, on diversifie les cultures et on se lance dans la culture de la vigne comme l’a fait le maire Guiraud Jules dans son domaine de Lamothe. Le vin se vend bien, on peut l’exporter facilement par barriques soit par chemin de fer, soit par le Canal du Midi.
Cette embellie sera de courte durée. Dans les années 1880/90, le phylloxéra, insecte venu d’Amérique et qui s’attaque aux racines de la vigne, détruit tous les vignobles.
Guiraud Jules et tant d’autres y perdirent leur fortune.
La parade au phylloxéra fut vite trouvée, en greffant les vignes sur des pieds résistants à l’insecte, mais le vignoble baziégeois ne fut pas reconstitué, car le vin qu’il produisait était de qualité médiocre et le coût des traitements que demandaient les vignes (contre le mildiou, l’oïdium…) limitaient d’autant plus les profits.


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